fin de droit

de quel droit

"Pays des lumières, phare contre la barbarie". Tiroirs-caisses grand ouverts pour les "produits culturels". Culture instrumentalisée quand ça peut servir aux dominants. En attendant, poètes, musiciens, plasticiens, comédiens, technicos, pouvez bien crever de faim : vous plaignez pas, vous passez votre vie à prendre du plaisir. Intermittents, intermiteux. Quand tu envoies tes 2 kilos de contrats à Pôle Emploi pour le renouvellement de ton statut, l'accusé de réception automatique que tu reçois c'est ... une décision de refus ! Si tu ne connais pas tes droits, si tu n'es pas soutenu, si tu n'as pas l'instinct de rebellion-survie, tu as juste le droit de plonger. Dans la misère, la déprime, l'alcool, ... "Vous voyez bien que ce sont des gens pas sérieux !" Plus de trente ans à me nourrir des textes d'Yvon, à les faire partager à quelques centaines d'élèves. 85, un enfant est né "une chance de plus pour le monde". C'était sur le faire-part de naissance de mon fiston. 25 ans plus tard, il rejoint la grande tribu du petit peuple de la culture d'en bas. Et la même galère. Poètes, techniciens : même combat. Alors, parfois, pour tenir le coup, on s'amuse, toutes générations confondues, à jouer avec les vieilles rengaines du pépé : Mon môme il joue pas les starlettes il met pas des lunettes de soleil il s'achète pas des tonnes de gèle pour jouer les rebelles dans l'XVI°. Mon môme il a 24 berges et déjà des paluches d'prolétaire comme celles qu'avait son grand-père qui bossait à Asnières Unil'vers Ses mains fréquentent pas d'manicure mais font vivre la culture en régie avec un marteau et une scie il te monte un plateau tout de go. Ses potes l'appellent le machino quand il monte tout en haut des structures faudrait pas croire qu'c'est par magie qu'une scène peut prendre vie car c'est dur L'boulot il rapporte pas très gros entre deux p'tits contrats l'calme plat pour le statut d'intermittent faut ramer bien longtemps mauvais plan. Technico t'es là pour les artistes quand il manque une p'tite vis un micro mais ceux qui s'font des couilles en or c'est jamais les prolos et c'est triste. Le moral parfois il va très mal z'ont besoin de taffer pour exister alors ils font dans l'bénévolat et ils offrent leurs bras pour rêver. Les festivals ça remplit l'tiroir-caisse mais pour d'autres c'est que dalle question pèze t'as juste droit à une Guiness à une ligne ajoutée au CV. L'chômage c'est pas de ton âge manqu'rait plus qu'un fainéant y ait droit un qui s'permet l'bénévolat et qui passe du bon temps tout le temps. Pensez quand vous voyez s'agiter ces petites ombres noires tirant des câbles qu'sans eux y'aurait pas de spectacle qu'la culture s'rait débâcle tous les soirs. Frappez le sol et le pavé refusez de sombrer et rêvez fera un temps de poème si demain vous serrez toutes vos mains. Bon courage à toi Yvon et à tous les travailleurs de la culture.

 

Joëlle Couillandre

Mis à jour le 12 janvier 2016

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