Je sors enfin du Bois de la Gruerie, aux éditions Arfuyen.

489Gruerie l’Ossuaire – imaginez l’immense tapis d’herbe

Prairie pour rien d’autre que marcher silencieusement

Vers tel mur de craie blanche dressé dos contre la forêt

Étrange en Français le mot ossuaire fait d’os et de suaire

Sans suaire justement sueurs de sang de moelle séchés

Dix mille anonymes hommes dans la galerie sous la dalle

Dix mille condensés d’innommable matière charnelle

N’ayant eu temps de décomposer dans les formes

Dix mille accélérations d’anonymat à l’avant-poste Néant

Prier pour eux sans importance prier pour nous plutôt

Prier pour nos inconséquents péchés contre l’imagination

Prier que l’herbe sous nos chaussures monte de honte jusqu’à nos yeux

 

Extrait page 102 – Jacques Darras, Je sors enfin du Bois de la Gruerie, Arfuyen 2014

Photographie de couverture : Chantal Delacroix