Je sors enfin du Bois de la Gruerie, aux éditions Arfuyen.
Gruerie l’Ossuaire – imaginez l’immense tapis d’herbe
Prairie pour rien d’autre que marcher silencieusement
Vers tel mur de craie blanche dressé dos contre la forêt
Étrange en Français le mot ossuaire fait d’os et de suaire
Sans suaire justement sueurs de sang de moelle séchés
Dix mille anonymes hommes dans la galerie sous la dalle
Dix mille condensés d’innommable matière charnelle
N’ayant eu temps de décomposer dans les formes
Dix mille accélérations d’anonymat à l’avant-poste Néant
Prier pour eux sans importance prier pour nous plutôt
Prier pour nos inconséquents péchés contre l’imagination
Prier que l’herbe sous nos chaussures monte de honte jusqu’à nos yeux
Extrait page 102 – Jacques Darras, Je sors enfin du Bois de la Gruerie, Arfuyen 2014
Photographie de couverture : Chantal Delacroix