«Ici repose» ou les porcelaines du cimetière de Louyat. Dimanche 28 avril 2013
Père Lachaise à Paris. Madeleine à Amiens. Qu’est-ce qui nous attire ainsi, une fois de plus, dans un cimetière ?
La nature préservée en pleine ville ? Ici rien de tel. Au faîte d’une colline, point d’arbre, une grande concentration de tombeaux domine les deux vallées, rives urbaines de la Vienne urbaines et bords banlieusards de l’ Aurence.
L’abandon ? Ici aussi les filiations semblent s’arrêter dans l’entre deux guerres ; les caveaux s’effondrent, les croix s’inclinent faute de descendance dévouée. Pas de fleurs, couronnes de faïence. C’est peut-être simplement le témoignage d’un exode rural, d’un départ vers les grandes métropoles éloignant les enfants, coupant les racines.
L’histoire ? Nous sommes en plein 19ème siècle. Quelques portraits marquent l’époque. Mais des plaques et médaillons accolés tracent de véritables romans familiaux. Entre naissance et décès des aïeux, les fréquentes disparitions de nourrissons, d’enfants condamnés par la maladie, de jeunes adultes fauchés par les accidents de travail ou par la guerre. On prend soudain conscience des progrès de l’hygiène et de la santé, de la sécurité de notre époque ; du confort des naissances contrôlées et programmés.
Les racines familiales ? Nous y sommes allés sans intention, sans hommage ou pensée aux anciens. Mais j’y ai découvert un ilot Perguet, Pergay ou Perguey. Rappel que je suis moi aussi un déraciné, produit de l’éclatement des familles et du travail globalisé.
L’objet de notre promenade, c’est la présence de nombreuses porcelaines funéraires. La finesse du kaolin, la richesse des décors, la maîtrise des peintres sur porcelaine n’ont pas été que dédiés aux arts de la table ou à l’industrie de l’isolation électrique. C’est tout un décorum que nous découvrons là, du plus simple pédigrée au plus symbolique dessin.
Nous sommes en particulier très surpris par ces paysages factices de cimetières romantiques qui s’insèrent dans cet univers dense. Comme si les arbres du Père Lachaise s’invitaient à Louyat.
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