En friche. Lundi 18 juin 2012
Ce matin – il est onze heure – pas de public baba cool. Pas d’artiste non plus. Quelques travailleurs du bâtiment. Presque un désert.
Ils détonnent. Lui, costume de coton beige, chemise blanche, panama blanc, barbe blanche naissante. Elle, jean moulant, petit blouson de cuir, sac photo en bandoulière. Ils se pressent, marchent d’un pas vif et semblent, le nez en l’air, perdus dans ce vaste chantier en plain air, ces tours tagués, ces cabanes aux décors improbables, hésitent entre les portes closes des studios de cinémas, des salles de spectacles. Tout un monde upperground qui semblent squatter ce qui deviendra en 2013 l’un des plus grands centres de création d’Europe.
Ils ne savent rien de tout cela. Simple coïncidence. Constance dans les idées. Leur dernière production, un livre, «Voyage dans la couleur verte», les propulse dans la couleur gris ocre d’un chantier.
L’éditeur qu’ils espèrent, celui qu’ils avaient découvert, autre coïncidence, à travers des photos de la tour abandonnée d‘Etouvie – autre lieu, autre friche – a établi son camp dans celle-ci. Etonnement. Le siège est aujourd’hui dans une grosse bâtisse ; volets de fer qui protègent de l’isolement ; délabrement qui témoigne de l’attente d’une livraison de locaux.
De passage à Marseille, ils espéraient rencontrer l’éditeur, se faire une idée de leur désiré futur partenaire. Porte close. Coup de fil. Fin de non recevoir (si on recevait tout le monde nous n’aurions pas le temps de travailler sur les livres !) Compréhension mais légère déception quand même.
Pourtant ce cadre si surréaliste colle pourtant très bien au côté innovateur de leur maison d’édition, aux ouvrages de la collection Collatéral dont ils aiment le fond comme la forme et surtout l’originalité.
Le bec dans l’eau, ils se désaltéreront alors du décor et surtout d’un verre d’eau gazeuse dans l’immense restaurant qui donne sur cette urbaine fin ou naissance du monde.