Paris, une invitation à flâner
Après toute une semaine d’hésitation, je viens de prendre la décision : Nous resterons sur Paris.
Dubay en juillet, Shanghai en août, La Gaude près de Nice en Septembre. Les tentations de nomadisme ont été nombreuses ces derniers temps !
C’est vrai qu’à peine posé quelque part, les yeux ayant admiré tout ce qu’offre la ville et les paysages, les pieds ayant foulé les chemins, ayant profité de toutes les nouvelles rencontres et assouvi toutes les curiosités, il me tarde déjà d’aller quelque part ailleurs.
Je ne sais s’il faut appeler cela de l’instabilité, de l’infidélité. Cette permanente envie de partir est elle une maladie ? Chaque fois je laisse de nouvelles connaissances, ne prends pas le temps de construire de vraies relations, ne retrouve pas les anciens amis. Je ne me sens bien que dans le changement, dans la nouveauté.
Mais cette fois, la raison, a été la plus forte. J’assouvirai ce besoin sur place. D’abord en changeant de boulot. Ensuite en restant ici, dans cette petite maison enfouie dans Paris, pour goûter toute la diversité de cette capitale si variée, si changeante, si perméable à ceux qui veulent s’y perdre.
Ce sera aussi, à partir d’un repaire central, d’un endroit insolite, d’un lieu magnétique, l’occasion d’attirer toutes les anciennes connaissances et de les amener avec nous découvrir ces multiples endroits de Paris dont nous n’aurons jamais fait le tour. A travers la tentation de ces nouveaux lieux et la convivialité d’un apéritif ou d’un dîner dans la ruelle, peut-être arriverons nous à renouer avec les anciennes amitiés.
Nous resterons donc Rue de Reuilly. C’est un point de départ idéal pour partir visiter Paris. Sur la ligne 1, la liste des stations traversées est déjà une invitation à revoir le Paris célèbre : Bastille, Saint-Paul le Marais, Châtelet, Louvre-Rivoli, Palais Royal, Tuileries, Concorde, Champs Elysées, Etoile, La Defence. Tout un programme qui pourrait prendre des journées de flânerie.
A 5 minutes, nous voici à Nation. La ligne 2 contourne par le nord. La ligne 6 par le sud.
Nous avons commencé par notre quartier.
Flâner dans les ruelles du faubourg Saint-Antoine, c’est retrouver des impasses oubliés où perdurent, même s’ils se font rares, des métiers traditionnels du meuble. Ebéniste, tapissiers, vernisseurs, tailleurs de pierre et de marbre. La porte à côté de chez nous, c’est celle un jeune luthier.
Plus loin au 18 rue de Reuilly, sous des treilles chargées de raisin, au milieu de la verdure, sous le regard d’une horloge trompe l’œil, s’animent encore quelques ateliers. Faubourg Saint-Antoine quelques cours industrieuses témoignent de ce Paris laborieux qui s’est déplacé vers les banlieux et les espaces nécessaires à la révolution industrielle et à la grande distribution.
Au sud, c’est le 13ème.
Pourquoi ne pas flâner dans la bute aux cailles ?
Ce quartier populaire de Paris s’est enrichi, c’est policé grâce aux efforts humanistes de quelques mécènes du début du 20ème siècle. Il ne reste plus de trace des taudis de cette ceinture parisienne, des ateliers de la Bièvre. La Petite Alsace, ensemble de maisons de briques à colombage, a été construire par Jean Walter, pour accueillir des familles. Il n’est plus sûr que les habitants d’aujourd’hui soient des familles ouvrières. Etrangement cette cité est dominée par les pignons de la Petite Russie, un ensemble de pavillons construits sur le toit d’un immeuble garage. Le propriétaire de la compagnie de taxi y logeait, au dessus de ses véhicules, ses chauffeurs.
Au détour des rues on retrouve les lieux de la résistance de la commune de Paris. Ceci me donne envie de me replonger dans les écrits de Louise Michel, cette intègre anarchiste, que j’ai en fait découverte, l’année dernière, dans un ancien bagne de Nouvelle Calédonie.
S’y promener lentement sans objectif c’est laisser venir un grand nombre d’émotions. Car dans ces lieux où transparaissent encore quelques épisodes de notre l’histoire, quelques un de leurs espoirs ou de leurs moments noirs, on parcourt un peu nos contemporaines aspirations, de nos éternels combats utopiques, de nos constants renoncements. Flâner en petit groupe ou en couple, dans les squares, les villas, les bains douches de la butte aux cailles, ce sont de multiples évocations qui ne peuvent que provoquer des débats, des interrogations, des discussions. Bref tous ces occasions de refaire le monde qui scellent des relations moins futiles.