La Beauté… Elle est passée là sous vos yeux…
La Beauté
Elle est passée
là sous vos yeux
Vous n’avez pas voulu y croire
Elle se cachait
c’était un jeu
Enfuie perdue comment savoir
Sabine Péglion, inédit in La Beauté 2019.
Je dois l’avouer, la Beauté serait passée là, loin de nos yeux, si nous n’avions été prévenu de son passage à la Maison de la poésie par Chant Manuel, le collectif qui nous informe des scènes où se produisent Yvon Le Men, ses amis, ses rencontres, ses partenaires .
Ils, majoritairement elles, sont dix ce soir là, à l’initiative d’un éditeur poète, Bruno Doucey. Huit poètes et poétesses 1 vont se relayer, se relancer, lire une belle sélection des poèmes en vers et en prose qui composent « La Beauté ; Éphéméride poétique pour chanter la vie » 2, sous des encres qui, inspirées par les textes, naissent en direct, projetées sur grand écran, sous les pinceaux, les crayons, les spatules et les plumes de Robert Lobet au rythme des sonorités composées et improvisées par le tout aussi inspiré multi instrumentiste Christophe Rosenberg.
Poètes mais aussi excellentes lectrices, excellents lecteurs qui au delà de leur propre texte, un parmi les 105 auteurs publiés, s’emparent des textes des autres. Chaque mois de l’éphéméride apporte, tour à tour, chaleur, froideur, couleur, tristesse, cruauté, révolte, amour aux textes proposés ; Bruno Doucey donne la tonalité par la lecture des pertinents aphorismes qui introduisent dans le livre, face aux estampes de Robert Loucet, chaque mois de l’éphéméride, chaque section.
Une anthologie, c’est aussi l’opportunité de découvrir des auteurs, ici beaucoup d’auteurs contemporains, mais aussi Apollinaire, Aragon, Beaudelaire…, en tout cas un choix éclairé de beauté. Une anthologie vivante, car ce fut du spectacle bien vivant !, l’occasion de découvrir des tempéraments. Pour nous, ce soir là, ce fut certes l’écriture, mais aussi la puissance portée par le slam, juste, naturel, non outré, de Katia Bouchoueva. Nouvelle génération, nouvelles sonorités de la langue.
Les riches voyagent,
les pauvres migre.
Mon tigre,
allongez-vous sur le dos
au bord de l’eau.
Vos yeux grêlons ont toutes les raisons du monde
de tout briser dans l’air.
Katia Bouchoueva, Tigre, texte inédit in « La Beauté » 2019
La Beauté. À lire. À dévorer, à déguster. Ce que j’ai fait cette semaine et souvent déclamé. Maintes merveilles.
Avant d' »Équiper les anges – et dormir, dormir » 3 que j’attends avec impatience et curiosité.