Ronda la Vieja – août 2015
Ronda. Cases blanches suspendues sur un ravin ocre. Les tours opérateurs ne retiennent de sa sierra que la route des villages blancs, sentinelles que l’on parcourt à la va-vite, Zahara, Ubrique, Olvera, pour profiter plus longuement des merveilles arabo-andalouses de Cordoue et Séville. Pour la plupart, l’Andalousie renaît au15ème siècle avec la « reconquista » des rois catholiques.
Il faut donc s’échapper des circuits classiques pour faire le détour par Ronda la Vieja, les ruines d’Acinipo. On plonge brutalement au 1er siècle. À 1000 mètres d’altitude, pâtures, oliveraies dominent les calcaires d’une plaine agricole. Dos à un imprenable ravin que survolent des vautours, les ruines de la ville envahissent la pente laissant percevoir l’infrastructure évoluée des cités romaines. Sur ces landes bistres, au milieu des maigres arbustes que paissent les brebis, face aux géométries des champs, dans les gradins du theâtre, la glaciale « solea del viento » s’engouffre dans les arches et chante deux millénaires de culture. Si les débats sur l’origine du flamenco sont toujours vifs, ici, face à la scène, on perçoit que ses racines sont peut-être bien plus anciennes que le « felah-menkoub » arabe du paysan errant.