« Le garçon » de Marcus Malte
Il y a quatre ans la parution de ce livre et sa promotion par le Prix Fémina nous avaient complètement échappé. Était-ce parce que nous étions déjà obnubilés par les élections américaines, catastrophés par l’élection surprise de Donald Trump ?
C’est, il y a deux ans environ, qu’Anette, animatrice d’ateliers d’écriture chez Alpeh — je projetais alors d’animer une saison d’écriture de « nouvelles noires » — m’a recommandé de lire Marcus Malte, ses recueils de nouvelles bien sûr, mais surtout « Le Garçon » cet épais roman de quelques 500 pages, paru chez Zulma en août 2016. Je dois reconnaître qu’il a dormi dans la pile des livres en attente, subissant l’oubli de la stratification — il faudrait toujours glisser le dernier achat sous la pile — jusqu’à cet été ; jusqu’à ce que Chantal le découvre.
Captivée par l’odyssée du « Garçon » qui, de l’état sauvage à la civilisation la plus riche, de la sauvagerie de 14-18 jusqu’au vagabondage, traverse le début du 20ème siècle, Chantal ne cessait de me dire : tu dois absolument lire cela ; quelle force, quel style, quelle inventivité pour nous surprendre !
Comme cette scène, page 178, où Emma, la protagoniste principale, s’acharne sur son piano, à l’assaut de la 4ème étude transcendantale de Liszt, dans l’attente de la résurrection du Garçon. Il y a dans l’écriture une telle connivence avec la chevauchée de Mazeppa, poème d’Hugo et musique de Liszt, que je n’ai pu résister à l’enregistrer.
Rarement, un livre m’a autant captivé, surpris. Nature, musique, littérature, érotisme, cruautés sociétales. Marcus Malte use de, pour ne plus nous lâcher, tous les moyens de l’écriture, prose, monologues, correspondances. J’en étais bluffé. J’ai gardé plusieurs chapitres pour alimenter les « textes de médiation » de mes ateliers d’écriture.
Que de chapitres à lire à voix haute pour goûter tantôt la rudesse, la flamboyance ou la tendresse de l’écriture. Un livre à lire et déclamer.
J’aimerai citer l’enthousiasme de mon ami Éric, à qui j’avais recommandé ce livre : » Le garçon. Whaoo! Quelle claque, j’ai adoré. Vif, brutal, séminal. »