Fiction post-électorale

Je passe de temps en temps, sur la ligne de tramway T2, à la station Belvédère. Bien que toute la ligne soit ponctuée de tags, j’étais toujours attiré par leur empilement particulièrement abondant et esthétique dans cette station. Sans trop savoir pourquoi, je me promettais de m’arrêter un jour, entre deux trames, pour les regarder à loisir.

Ceci est arrivé enfin, entre les deux tours, au lendemain du grand débat.

Est-ce un signe prémonitoire ? Les quelques tags s’assemblent en une histoire soudain crédible.

Il était une fois un pays où les gens s’entendaient. Situé dans une partie tempérée du globe, généreux en tout. Il avait été depuis des siècles une terre d’asile, d’immigration, d’intégration. La jeunesse colorée, dans sa grande majorité, restait optimiste et savait encore se solidariser pour les causes des plus démunis. Certains, comme moi, passant de l’adolescence à l’âge adulte en mai 68, avaient su aussi rester jeunes en se mobilisant souvent pour des causes communautaires.

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Arrivèrent les élections.

Deux candidats très différents qui, avec la même ambition, mais des méthodes très différentes, avaient su renverser leur structure partisane et s’imposer.

L’un promettait de sortir du désert en pronant l’autorité et le travail. L’autre proposait en sortant du tunnel de retrouver la lumière.

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L’ordre gagna.

Pour l’imposer, il fallu retomber quelquefois dans de sordides méthodes, récompenser quelques pirates, assouvir les passions des quelques gros bras.

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Je déambulais tristement devant cette bande dessinée, saisi par un mauvais pressentiment, ressassant mes craintes.

Heureusement, tout à gauche, cachée dans le renforcement de la dernière arche, tomba la dernière image, la liberté guidant le Peuple.

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Tant que nos taggers connaîtrons Delacroix, nous aurons encore un espoir. Cela ne pourra pas arriver.

Royal !

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